Les 3 Axes

L’objectif de l’ÉDRACCÉA se décline en trois axes distincts. Ces axes guident les travaux des chercheurs et des collaborateurs et s’articulent autour des thèmes suivants : partenariat, curriculum scolaire, formation initiale et continue, identité, territoire, langue et culture.


Partenariat communautés-universités : pratiques de développement, objets d’étude et communication interculturelle.

Cet axe est abordé selon deux angles complémentaires : il vise, d’une part, le partenariat comme pratique de développement qui conjugue les épistémologies autochtones et occidentales dans les travaux de recherche et de développement et, d’autre part, en tant qu’objet d’étude par l’exploration et la conceptualisation des modèles de partenariat, de leurs processus de développement et de mise en action qui contribuent au développement de pratiques respectueuses, hautement éthiques, pertinentes et valides pour les communautés. La constitution même de l’équipe favorise une mise en parallèle des situations vécues au Chili et au Québec, et ce, dans différentes nations et la mise en exergues des meilleures pratiques en recherche partenariale dans ce contexte. Cette collaboration internationale favorise également l’enrichissement de nos perspectives d’analyse respectives. En effet, la communication interculturelle et le processus interactif entre des chercheurs, héritiers d’une culture universitaire, et des partenaires autochtones, héritiers d’une tradition orale en transformation, constituent l’élément central des activités de l’équipe. La compréhension des situations dans lesquelles les acteurs universitaires et communautaires évoluent est essentielle au développement de savoirs et d’actions pertinents dans les contextes interculturels concernés (Maheux, 2001; Pellerin et coll., 2019). Peu de mécanismes de vulgarisation et de transfert des savoirs scientifiques entre chercheurs et praticiens issus de milieux culturels distincts sont déployés, mais la connaissance des représentations et des pratiques sociales est essentielle à la compréhension par les chercheurs des situations rencontrées par les praticiens. La mise en commun de ces représentations apparait indispensable pour s’assurer de la validité et la pertinence de la problématisation des objets d’étude et d’action des situations éducatives et de formation.

Curriculum scolaire, éducation des jeunes et formation des enseignants : pratiques de coconstruction des savoirs scolaires interculturels et de formation initiale et continue.

L’élément central de cet axe est le curriculum scolaire que nous définissons en tant qu’offre éducative auquel les élèves ont accès dans un établissement scolaire donné en fonction des valeurs et du modèle de citoyenneté souhaités par une société (Maheux, 2016).

Cet axe renvoie au développement et à la mise en œuvre d’un curriculum scolaire culturellement adapté qui s’inscrit dans des standards occidentaux, tout en intégrant les éléments culturels et identitaires propres aux communautés concernées, et ce, dans un but de sécurisation culturelle des élèves et des enseignants autochtones. Il renvoie également à l’analyse des approches privilégiées dans les communautés et au développement de pratiques de décolonisation et d’autochtonisation des programmes visant la formation à l’intention des enseignants du préscolaire, du primaire et du secondaire. Les orientations empruntées pour la formation des enseignants s’appuient aussi sur la modélisation d’un curriculum scolaire interculturel. Selon Godenzzi (2007), l’éducation interculturelle permet de « construire des relations équitables et solidaires, en plus d’ouvrir des espaces de dialogue entre sujets qui, culturellement, possèdent des façons différentes de voir, sentir, valoriser et connaître » (p.153). En contexte autochtone, les schèmes d’apprentissage fondamentaux développés en première socialisation dans la famille élargie et la communauté dans les activités traditionnelles de survie sont différents de ceux de l’école occidentale privilégiés dans le curriculum scolaire et fondés sur la tradition écrite (Smith, 2012).

Identité, territoire, langues et cultures autochtones : pratiques de transmission interculturelle.

Cet axe rend possible la compréhension des phénomènes culturels, langagiers, territoriaux et identitaires qui touchent le développement de l’éducation en contexte autochtone. L’identité et la culture renseignent sur le type de rapport que chaque individu construit avec son environnement (F. Lévesque, 2014).

Dans les communautés autochtones, les tensions inhérentes au maintien des traditions, les impératifs de la vie contemporaine, les valeurs propres aux communautés et les langues qui se côtoient complexifient cette construction. On observe cependant des indices de la quête de l’équilibre qui permet à tous et à chacun d’évoluer dans le respect de l’autre. La reconnaissance de l’égalité de statut et de la relation d’interdépendance des groupes de partenaires en contexte interculturel, soit les communautés autochtones et les formateurs universitaires, sont des principes fondateurs de la relation entre les membres de l’équipe dans son ensemble. En ce sens, l’établissement d’un dialogue interculturel s’impose en tant que condition incontournable à la réalisation de toute activité dans ce contexte de travail (Amittu et coll., 1988; Maheux et coll., 1996; Quilaqueo et coll., 2016; Uitangak et coll., 2014). Cet axe renvoie donc à la compréhension des phénomènes culturels et identitaires qui touchent le développement de l’éducation et à l’analyse des pratiques visant l’émancipation et la protection d’une minorité ethnoculturelle involontaire qui défend son droit à l’autodétermination. Les défis de la scolarisation s’incarnent au point de rencontre des acquis de la première socialisation et de la seconde, soit l’offre éducative. Les savoirs culturels traditionnels logeant presqu’exclusivement dans la mémoire des ainés, leur contribution à la construction identitaire des jeunes à l’école s’avère essentielle. Dans ce contexte, certaines questions se posent : quelles sont les stratégies souhaitées et possibles de préservation de la langue et de l’identité culturelle en évolution, voire fragilisée? Quels sont les fondements théoriques, les principes et les stratégies d’action d’une approche de formation des enseignants (autochtones et allochtones) soutenant la construction identitaire des jeunes? Quels sont les défis posés par le racisme systémique qui prévalent depuis toujours dans les curriculum de l’enseignement de l’histoire officiels au Québec, donc de la formation des enseignants et de l’administration de l’éducation en tant que services publics, et dont la mort de Joyce Echaquan peut être considérée comme un indicateur?

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